Rôles militaires
Estavannes
Titre

 

Rôles militaires   (archives de l’Etat de Fribourg)

 

 

 

 

ROLES MILITAIRES de 1561 à 1741

Contrôle des hommes de la commune d’Estavannens

 

 

 

1561 - 1600

1641 - 1666

1685

 

 

 

 

 

 

1712

1715 - 1727

1734 - 1741

 

 

 

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Membres de la société de tir  “Les Mousquetaires” Estavannens

 

 

 

1919

1999

 

 

 

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Composition du régiment de Gruyère en 1780

 

 

 

 

 

 

 

 

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Soldats du Régiment de Gruyère

 

 

 

 

Fribourg 1782-1792
Le Régiment de Gruyère et la Garde de la Ville
.
Références : uniformes suisses 1700-1850 par Roland Petitmermet

Image de gauche, de gauche à droite :

                    -   grenadier de 1792
                    -   fusilier de 1792
                    -   Lt-colonel Jean Nicolas Constantin de Reynold,
                        propriétaire et commandant du rgt de 1735 à 1800.

                    -   ancien modèle de giberne (Musée gruérien de Bulle)
                    -   fusilier de 1792, vu de dos

 

 

 Le 14 avril 1544, François Ier, roi de France, nomma le comte Michel de Gruyère, colonel du régiment de Gruyère, le jour de la bataille de Cérisoles. Les soldats gruériens au nombre de 4000 étaient moins un corps d’élite qu’un assemblage de soldats, de paysans et d’aventuriers accourus de toutes parts pour s’enrôler sous la bannière du comte.
     Michel, empêché de se mettre à la tête de son armée, en avait remis le commandement à son lieutenant-colonnel, le sire de Cugy, gentilhomme du Pays de Vaud.
     La bataille dura trois jours. Le 14 avril décida la victoire. Tandis que les Suisses firent des prodiges de valeur, les Gruériens démentirent la réputation de courage et de bravoure que leurs ancêtres leur avaient transmise. Indociles à la voix de leurs capitaines, ils s’y conduisrent mal; au lieu de soutenir bravement le chocs des Espagnols et des Allemands du futur empereur germa- nique Charles Quint, ils compromirent la victoire en fuyant comme un troupeau de grues. Leur chef perdit la vie en voulant les rallier et les ramener au combat. Le régiment de Gruyère fut réduit à un effectif de 1200 hommes lors de la revue des troupes.
     Fâché, François Ier ne voulut pas rembourser les frais de guerre au comte de Gruyère (300 grosses armures à 2 écus 3 testons et 100 petites armures à 2 écus la pièce + la solde et la nourriture de la troupe). Ce fut l’une des causes principales de sa faillite en 1554.
                                                          Histoire du Comté de Gruyère, par Isely

C’est à la conduite des gruériens à Cérisoles et aux réclamations du comte Michel que Rabelais fait allusion dans ce passage de “Pantagruel”
(L IV, ch.9) :

“Iadis on souloit (on avait coutume) en guerre, au jour de bataille ou assault promettre aux souldars (soldats) double paye pour celluy jour. Sils guaingnoyent la bataille, lon avoit prou (profit) de quoy payer; sils la perdoyent ceust este honte la demander, comme feirent les fuyars Gruyers apres la bataille de Serizolles.”

Le Régiment de Gruyère
par Georges Corpataux, aide-archiviste, lieutenant au bataillon 14

Travail lu à la réunion de la société d’Histoire à Broc, le 7 juillet 1914

     Jadis, au temps idyllique des comtes, le Gruyérien devait à son seigneur la chevauchée. Chaque homme fournissait ses armes et, à l'appel du comte, venait se ranger sous sa bannière respective. Cette prestation était obligatoire durant huit jours dans les limites du comté et aux frais de chacun. Une amende de 30 sols lausannois frappait tout récalcitrant. L'expédition dépassait-elle les limites convenues ou se prolongeait-elle au-delà du terme fixé, le comte en supportait les frais.

     Jusqu'à sa mise à l'encan en 1555, le comté de Gruyère comprenait 5 bannières ou mandements militaires: celle de Château-d'Oex, du Vanel ou Gessenay, de Gruyères, de Montsalvens et de Corbières. Déjà alors le Gruyérien était un valeureux soldat, habitué à suivre ses comtes dans d'aventureuses expéditions en Terre Sainte, dans le Valais, dans le Pays de Vaud en France, en Italie et jusqu'en Souabe. Si la victoire ne couronnait pas toujours son courage, le Gruyérien savait alors mourir en brave, non sans avoir fait payer chèrement sa vie. Aussi nombre d'entre eux se sont-ils couverts de gloire dans ces belles équipées!

     Après la déchéance du comte Michel et le partage du comté entre Berne, Vaud et Fribourg le 6 novembre 1555, Messeigneurs de Fribourg érigèrent leur part en bailliage fribourgeois administré par un bailli, ayant résidence au château de Gruyères. C'est depuis cette époque que l'on voit apparaître les rôles militaires. Le bailli, sur l'ordre de Messeigneurs, devait envoyer chaque année et toutes les fois que ceux-ci le demandaient, un état général de tous les hommes portant armes dans le bailliage. Les grands rôles étaient dressés par le bailli aidé du châtelain, du curial, du gouverneur et des métraux de Gruyères; le châtelain, le banneret et le mestral faisaient aussi, sur la demande du bailli, des visites partielles dans les communes et hameaux. Chacun de ces rôles indique, par commune, les noms des hommes aptes à porter les armes de 16 à 60 ou 70 ans et la spécification de leurs armes, qui consistent surtout en épées, piques, hallebardes et arquebuses; quelques-uns portent encore la chemise de mailles, la mordache (petit poignard), le pistolet et l'épieu. Le 25 janvier 1561, le bailli de Gruyère Peter Krummenstoll envoie à Messeigneurs de Fribourg un rôle général des hommes et un état des armes de son bailliage comprenant les communes de Gruyères, Enney, Neirivue, Villars-sous-Mont, Montsalvens, la Châtellenie de La Tour, Estavannens, Montbovon, Grandvillard, Lessoc. Ce rôle, le plus ancien que possèdent les Archives Cantonales pour le bailliage de Gruyères, comptait 933 hommes répartis en, 174 hommes armés, 72 arquebusiers, 607 porteurs de piques et 85 hallebardiers.

     Jusqu'au commencement du XVIIme siècle, aucun changement ne se produit dans l'organisation. Un rôle du 7 juillet 1610, dressé sur le commandement des souverains Seigneurs de Fribourg par le bailli Peter Reyff, nous apprend une nouvelle formation. Les hommes du bailliage ou gens de guerre (dénomination qu'on leur donne à partir de cette date) ne sont plus groupés par communes, mais divisés en quatre catégories d'armes: Ies piquiers (511 hommes), les mousquetaires (43), les arquebusier (180), les hallebardiers (264), un fifre et un tambournier. Aucun rôle ne fait mention d'officier jusqu’en 1614 où nous trouvons comme capitaines le banneret Antoine Meyer et le chevalier Hans Gottrau.

     De 1619 à 1684 les rôles nous donnent diverses formations: tantôt le bailliage se compose de deux élections, tantôt de compagnies formées d'escortes ou de détachements de chaque village ayant à leur tête un caporal (rôle de 1632), tantôt encore on retrouve l'organisation primitive.

     En 1686, un rôle général de tous les individus portant armes dans le baillage de Gruyères, répartissait les hommes en trois élections selon l'ordre souverain du 4 décembre 1685 qui voulait que les mousquetaires et les hallebardiers formassent les deux premières élections, et que les vieux et incapables de porter les armes et les absents du pays fissent partie de la troisième élection. Chaque commune devait fournir des hommes pour les trois élections, dont 1 fifre et 1 tambour, et chaque détachement était commandé par un sergent. Cette organisation dura jusqu'à la formation du régiment de Gruyère.

     A en juger par les rôles, la première répartition de notre milice en régiments paraît remonter à la seconde moitié du XVIIème siècIe, probablement à la suite de la création du "Defensional de Wil" en 1647 et établi et adopté par la diète de Baden, le 18 mars 1668. Ces régiments avaient une organisation très incomplète et étaient composés d'un nombre variable de compagnies.

     Une première mention du régiment de Gruyère est faite dans le rôle de 1684 de la compagnie de M. le Conseiller Techtermannn "Collonel d'un régiment à Gruvière". En 1699, le régiment de Gruyère est commandé par le colonel Rodolphe Fivaz, le lieutenant-colonel Tobias d'Alt, le major Peterman Techtermann et l'aide-major Claude-Nicolas Castella de Gruyères et les capitaines Jocob Féguely et Jacques Thumbé. Le régiment est formé de quatre compagnies : la première, appelée "Compagnie collonelle" comprenait 140 mousquetaires et 50 hallebardiers de Gruyères, Grandvillard et Broc. La seconde comprenait 140 mousquetaires et 50 hallebardiers de la Tour-de-Trême, Le Pasquier, Enney, Villars-sous-Mont, Neirivue, Lessoc et AIbeuve. La troisième était formée de 140 mousquetaires et 50 hallebardiers de Corbières, Hauteville, Villarvolard et La Roche. Enfin la quatrième se composait de 140 mousquetaires et 50 hallebardiers de Charmey, Cerniat, Châtel, Crésuz, Bellegarde, Villarbeney et Botterens. Il y avait en outre dans chaque compagnie un lieutenant, un enseigne, quatre sergents, deux tambours et un fifre. Les quatre compagnies du régiment comptaient 760 hommes. Les hommes portant armes et non enrégimentés étaient au nombre de 993, tant pour la défense de la ville et du château de Gruyères que du passage de Montbovon. Comme on le voit, dès 1699, le régiment de Gruyère était constitué non seulement par les hommes du bailliage de Gruyères même, mais encore par ceux des bailliages de Corbières et de Bellegarde, du pays de La Roche et de l'Herbevue (Albeuve).

     Dès 1712, nous voyons apparaître pour la première fois des fusiliers qui remplacent les arquebusiers et les mousquetaires. Seuls les hallebardiers forment encore un corps spécial. Cette année-là le régiment de Gruyère atteint le chiffre de 2053 hommes dont 1314 officiers et fusiliers, 295 hallebardiers, 140 sans armes et 204 absents. Cette formation subsiste jusqu'en 1746, époque à laquelle Leurs Souveraines Excellences édictent un nouveau code militaire. A cette date Messeigneurs de Fribourg “pénétrés des sentiments, que Nous devons à la mémoire glorieuse de nos ançestres qui, par leur valeur, et au prix de leur sang Nous ont acquis et conservé la prétieuse liberté, dont Nous jouissons, et portés par Nos soins, et nôtre application ordinaire à avancer l'honneur et l' avantage de l' Etat, ainsi que le bien-être et la tranquilité de Nos sujets, Nous avons estimé nécessaire de faire un nouveau dénombrement de nôtre milice, et de la régler sur un pied militaire autant que la constitution de nôtre pays pourrat le permettre.” Ce code apporte d'importantes et définitives modifications dans l'organisation des milices fribourgeoises. Tous les hommes de 16 à 60 ans accomplis sont enrégimentés. Les colonels sont chargés de l'organisation des régiments dans les pays et districts qui leur sont assignés et suivant les rôles qu'on leur a remis. Chaque régiment formera tant de compagnies que son district pourra fournir. Chaque compagnie sera composée de 200 hommes dans lesquels sont compris: un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un enseigne, huit sergents, quatre tambours, un fifre et quatre trabants (hallebardiers); elle sera divisée en six escouades, commandées chacune par un caporal et un lanspessade. Les com- pagnies colonelles auront de plus un aumônier, un chirurgien-ma,jor, un tambour et sergent-major. Seize grenadiers seront en outre détachés de chaque compagnie et formeront un corps spécial. Les hommes qui, jusqu'alors, se servaient du mousquet ou de la hallebarde sont armés du fusil avec baïonnette; seuls, les sergents conservent la hallebarde. Chaque soldat, en entrant au service, était tenu de payer les frais de son armement, de son équipement et de son habillement; les communes y pourvoyaient pour leurs ressortissants pauvres.

     Quant à l'instruction, elle était assez rudimentaire. Les milices étaient rassemblées dans leurs villages plusieurs fois par an au printemps et en automne, sous le commandement d'un sergent qui les exerçait à la marche et au maniement des armes. Elles pratiquaient. aussi le tir.

     Les ordonnances du Conseil souverain des 10 mai 1761 et 2 :mars 1790, sans modifier le code militaire de 1746, le complètent par des dispositions plus étendues et plus compliquées sur les exercices et les manœuvres.

     Le premier grand rôle du régiment de Gruyère que nous possédons, établi d'après le code de 1746, est de l'année 1763; il est formé alors de deux bataillons comprenant chacun quatre com- pagnies. Le premier bataillon était formé des compagnies de la “ Colonelle ”, de la Tour de Trême, de Grandvillard et de Montbovon. Le second bataillon était composé des compagnies de la. “ Lieutenance Colonelle de Corbière”, de Broc, de Charmey et de La Roche. De 1763 à 1780 le régiment avait à sa tête l'état-major suivant: le colonel Joseph Emmanuel de Maillardoz, du conseil. des Soixante; le lieutenant-colonel Philippe de Reynold; le major Jean-Nicolas de Reynold du suprême Sénat; l'aide-major Deschenaux. Chaque compagnie en outre était com-mandée par un capitaine.

     Une grande revue annuelle était passée par le colonel ou le major dans la plaine d'Epagny. Pour cette prestation, officiers et soldats revêtaient leur plus bel uniforme. Le soldat, coiffé du tricorne, portait le gilet et la culotte rouges, l'habit bleu avec parements rouges et les guêtres noires. Le costume du grenadier ne différait de celui du simple soldat que par la coiffure, qui était le haut bonnet à poil.

     Malheureusement les graves événements qui se préparaient en France, la grande Révolution d'abord, l'avènement de Napoléon ensuite, devaient mettre fin au beau temps du régiment de Gruyère et bouleverser toute notre organisation militaire.

     Nous nous proposions de compléter cette étude, faite trop hâtivement pour la réunion de la Société d'histoire à Broc, en essayant de faire revivre la vie de ces vieux régiments de Gruyère, mais voici que l'orage qui grondait depuis si longtemps à l'horizon s'est déchaîné soudain sur l'Europe consternée et nous a obligé à répondre à l'appel de la Patrie pour la sauvegarde de son indépendance et de sa neutralité.

     Qu'il nous soit permis d'exprimer ici nos meilleurs remerciements à M. Fortuné Bovard, un dessinateur de talent, à l'obligeance duquel nous devons la planche qui illustre ce petit travail. Nous donnons en terminant la liste des hommes portant armes dans la ville de Gruyère en 1561.

“Visitation faicte pour les personnes et glayves par le commandement de nos magnifiques et puissants seigneurs de la ville de Fribourg, rière le ballivage de gruyère, et les desporvehuz sont estés commandés par bamp de cinquante florins d'estres pourvehuz dans le terme d'ung moys".

(Une inscpection a été faite des personnes et des armes par le commandement de nos magnifiques et puissants seigneurs de la ville de Fribourg, du baillage de Gruyère anciennement Comté de Gruyère. Les contrevenants ont été amendés de 50 florins lausannois à défaut d'être pourvu d'une arme dans le délai d'un mois)

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Le défensional ou plan de défense nationale fut créé à la suite de la premÏère tentative de Louis XIV de s'emparer de la Franche-Comté bourguignonne en 1668. Il avait pour but de défendre " les fières libertés acquises à si haut prix par nos chers ancêtres”. Le premier ban de l'armée fédérale se composait de 13'400 hommes de pied avec 16 pièces de campagne et quelques centaines de cavaliers. Il se divisait en deux armées et en compagnies de 200 hommes chacune. Chaque canton était tenu d'armer ses troupes de pied en cap et de les munir de poudre et de plomb, de manière à pouvoir, en cas de nécessité, les mettre en marche immédiatement à la première réquisition et en trois détachements successifs. (Dierauer IV. p. 126.129.)

Jean Nicolas.Constantin de Reynold, né le 29 juillet 1735, s'engagea au service de France en 1753 en qualité d'enseigne dans la compagnie de ses frères au régiment de Monin. Il était promu sous-lieutenant en 1755. Rentré au pays, nous le trouvons en 1763 major dans le régiment de Gruyère, grade qu'il  occupe jusqu'en 1780, puis plus tard, en 1792, comme colonel du même régiment.

Dans le tableau reproduit dans le Fribourg Artistique. les guêtres sont blanches. Il n'est pas rare aussi de trouver, chez les antiquaires, des gibernes du régiment de Gruyère. On a pu croire qu'elles provenaient d'un régiment de ce nom au service de France, mais il n'y eut jamais de corps de ce genre sous les drapeaux français. Tout au plus se trouva-t-il quelques Gruyériens dans le régiment que le comte Michel leva pour François 1er et qui était composé de 4000 hommmes de différents pays. C'était plutôt un ramassis d'aventuriers qui firent piteuse figure à la batailles de Cérisoles en 1544. Comme la conduite de cette troupe avait plutôt compromis le succès de l'armée française, François 1er refusa de payer la solde au comte. Ce fut l'une des causes de la lamentable déconfiture du dit comte Michel.

L’orthographe d’origine est respectée
Jean Pharis
a

 

 

 

 

 

 

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