|
BAS-INTYAMON La croix des Merlas profanée
STEPHANE SANCHEZ (Journal « La Liberté » du 15 février 2010)
Nouvelle profanation dans les Préalpes fribourgeoises: la croix des Merlas, située sur les hauts d'Estavannens à une altitude de 1900 m environ, près du Vanil-du-Van, a été sciée net. «C'est un scandale! Inadmissible!» s'énerve le skieur riazois, membre du Club alpin, qui a découvert et photographié le résultat de ce méfait vendredi dernier, lors d'une randonnée à peau de phoque. «La croix était intacte le dimanche précédent, quand je suis monté. Elle a donc été sciée dans la semaine», indique-t-il, en précisant qu'il n'y avait pas de traces fraîches aux abords. Contacté samedi par «La Liberté», le préfet de la Gruyère Maurice Ropraz «condamne fermement cet acte inqualifiable. Qu'il s'agisse d'un geste bête et méchant ou d'un manifeste pour un retour à une nature originelle, cet acte est une atteinte à un emblème religieux. Ace titre, il est passible d'une condamnation pénale. Si j'obtiens des informations complémentaires, je transmettrai ce dossier à l'Office des juges d'instruction», déclare le préfet. Du côté d'Estavannens,paroisse et commune déplorent elles aussi ce geste. «On ne voit pas quel sens y donner», s'interroge le syndic de Bas-Intyamon, Roland Kaeser. «C'est prémédité, puisqu'il a fallu amener une scie», observe Cécile Conus, la présidente de paroisse. Les deux entités se concerteront avec la Société de jeunesse pour déterminer à qui reviendra la tâche de déposer plainte. Car la propriété de cette croix est loin d'être évidente. «Elle n'appartient pas au particulier qui possède les pâturages des Merlas. Elle se situe en effet à la limite de ses pâturages, dans le secteur des Chaux, sur le territoire de Bas-Intyamon», assure Cécile Conus, également ancienne secrétaire communale d'Estavannens. Et de recoiffer sa casquette actuelle: «Cette croix n'appartient pas non plus à la paroisse.» La première croix a certes été posée dans le cadre de la Mission de 1946. Mais celles qui lui ont succédé en 1963, puis en 1990, ont fait l'objet du même «rituel», poursuit Cécile Conus: confectionnées par un artisan du village avec du bois fourni par la commune, posées par la Jeunesse d'Estavannens, elles ont été bénies par la paroisse. «En ce sens, cette croix n'appartient à personne, si ce n'est, symboliquement, à l'ensemble des villageois», estime la présidente. Quoi qu'il en soit, la Jeunesse, qui pensait justement organiser une messe cette année ou l'année prochaine aux Merlas, se porte d'ores et déjà volontaire pour perpétuer la tradition: «On va reposer une nouvelle croix dans les plus brefs délais», propose son président Ludovic Seydoux. «Cela pourrait s'inscrire dans le cadre des festivités qui auront lieu cette année pour les 60 ans de la Jeunesse», indique-t-il. «La commune est disposée à fournir le bois», abonde Roland Kaeser Quant au cas de la croix du Vanil-Noir, profanée en octobre dernier, il est toujours pendant. Pro Natura, qui avait déposé plainte, n'a aucune nouvelle de l'instruction. Idem pour le préfet Maurice Ropraz, qui avait dénoncé cet acte pour atteinte à la liberté de croyance et des cultes. «Peut-être que ce nouvel acte va relancer le dossier», espère José Collaud, chargé d'affaires de Pro Natura.
Le 15 mars (1 mois plus tard), l’enquête ordonnée par le préfet de la Gruyère après dépôt d’une plainte pénale par la commune, a permis l’arrestation d’un bien triste personnage: Patrick Bussard, guide de montagne (quelle honte ! ). Une polémique s’est rapidement développée dans la presse régionale et à la télévision et dura plusieurs semaines.
|
|